Entre la côte du Poniente et le Cap de Gata, dans un coin de l’Espagne, face à la Méditerranée et à l’Afrique. C’est ici que vit la ville d’Almeria, dominée par son Alcazaba qui, il y a plusieurs siècle, vigilait un des ports commerciaux les plus puissants de la vieille mer européenne.
Almeria est une ville de lettre. Il y a en elle une patine de poésie et de roman, mais contrairement à ce que certains chroniqueurs du siècle passé ont pu raconter, elle n’est pas aussi dure. Il faut monter à l’Alcazaba, perchée sur sa montagne, à la tombée de la nuit, sans hâte, à pied, en passant la plaza Vieja et les rues coloniales de la ville du 19e siècle. C’est la meilleure façon de se faire une idée de la ville.
Il suffit de traverser son arc colossal pour faire un bond dans le temps et se retrouver dans la cité arabe, blanche et lumineuse, qui fut durant de longs siècles la porte du royaume d’al-Andalus sur la Méditerranée. A cette heure incertaine où le soleil se brouille entre les monts dénudés de la Sierra de Alhama et les côtes du Poniente, le voyageur avisé se dirige vers la Tour de la Vela pour contempler Almeria aux premières heures de la nuit. A ses pieds, la vieille ville est entremêlée de ruelles et de placettes intimes qui descendent la colline et finissent en ramblas et en grandes avenues jusqu’au port. Un peu plus loin, el Zapillo, la fameuse plage d’Almeria, une langue de sable blanc étendue qui embrasse les eaux d’une Méditerranée pacifique.
Actuellement, Almeria est une des villes les plus intrépides du sud espagnol. C’est une ville culturelle – il y a tous les jours une exposition dans le patio néoclassique de l’Ecole d’Art -, amusante et agréable, en particulier les jours de printemps qui invitent à un bain de mer, à une excursion au Cap de Gata tout proche, et à découvrir sa gastronomie variée à la tombée de la nuit, à une table du centre historique.
Un chroniqueur de l’époque affirmait que la meilleure manière de connaître Almeria est de visiter son Alcazaba et sa medina. Au marché, le randonneur parcourt les étalages de fruits exotiques en provenances des plantations d’El Ejido et de la proche Costa Tropicale, mais son attention est surtout attirée par les poissonneries où tous les jours déferlent les gambas rouges si appréciées de Garrucha.
La Rambla de Belen est la continuation de l’avenue Federico Garcia Lorca. C’est l’une des artères principales et l’une des promenades les plus animées de la ville. Le Câble Anglais dont la fonction était de chargé les minéraux en provenance des carrières du Cap de Gata notamment, est l’une des constructions les plus importantes de l’architecture industrielle du siècle passé en Espagne. A ses pieds, il y a des écoles d’aviron et de voile, à deux pas de la plage blanche et propre del Zapillo. La plage est encerclée de restaurants où l’on sert le meilleur poisson de la province.
Depuis le mirador San Cristobal, à proximité des murailles qui encerclent le fortin andalusi, on admire un ville qui a su se ressaisir après des temps difficiles. Dans le centre historique se succèdent les églises baroques aux véritables airs de forteresses médiévales. Il en est de même pour la Cathédrale et l’Hôpital Royal.
Dans le quartier de la Chanca, rebelle et anarchique, les maisons sont jaunes, oranges, vertes ou bleues. Les bateaux sont amarrés dans le port et déchargent leurs marchandises à deux pas du Câble Anglais, une œuvre des ingénieurs de l’Ecole de Gustave Eiffel. Aujourd’hui, cette structure est devenue l’un des symboles patrimoniaux d’Almeria.