Nous nous plaisons à imaginer le consommateur de tourisme culturel comme un voyageur en quête d’autre chose que simplement le repos et la distraction. Un voyageur qui prend en compte la culture de sa destination, motivé par l’intérêt de découvrir, de connaître et d’apprendre de celle-ci.
Il est habituellement opposé au consommateur de « soleil et plage », mais les deux modèles ne sont pas incompatibles. C’est d’ailleurs un phénomène que l’on perçoit de plus en plus en Andalousie.
Les expériences communes au tourisme et à la culture peuvent être de différentes natures. La visite habituelle des principaux monuments d’une ville historique, qu’on la parcourt en groupe accompagné, ou avec un guide de poche relève du tourisme culturel. Souvent, les visites sont superficielles, s’apparentant à ce que l’on appellerait du tourisme patrimonial ou monumental. Ce serait alors une variante urbaine d’une visite du Louvres en 4 heures, armé d’un guide audio et de bonnes chaussures de sport. L’architecture des musées ne donne pas beaucoup de marge de manœuvre à ces visites, alors que celle des villes permet d’être plus original et sélectif.
Dans ce cas, comment contribuer à un tourisme culturel qui soit plus profond et significatif ? Cela passe tout d’abord par la préparation, des voyageurs comme des receveurs, orientée vers une meilleure compréhension de ce qui va être visité. Avoir certaines expectatives et quelques notions basiques préalables aide à digérer ce qui vient d’être vu, de même qu’à l’élaboration d’itinéraires cohérents et raisonnables qui évitent l’épuisement.
Et si nous sommes d’accord que bien souvent, les visites guidées sont un peu pauvres et génériques, il faut aussi reconnaitre qu’avec le modèle actuel proposé par les grands tour-opérateurs et les « tout inclus », il est difficile de les améliorer. N’importe quel processus d’apprentissage ou d’enseignement – une visite guidée l’est a fortiori – devrait prendre en compte les caractéristiques de son public, et adapter son discours à ses connaissances préalables ainsi qu’à son origine (régionale, professionnelle,…). Un groupe de voyageurs hétérogène et un groupe scolaire ou universitaire ne font pas la même visite. La diversité du discours devrait ainsi être une valeur plutôt qu’une source de conflit, comme c’est le cas dans de nombreuses institutions qui s’entêtent à figer des contenus « officiels » (l’Alhambra se montre de « cette manière » etc…)
Si nous voulons un tourisme culturel divers, flexible et créatif, une bonne partie de la structure touristique telle que nous la connaissons aujourd’hui doit évoluer. Si le voyage organisé actuel perd de la vigueur en faveur d’un voyage plus particulier, par groupes plus petits et plus homogènes, avec des contenus et activités plus modulables, alors le discours du guide pourra évoluer.
Du point de vue de l’agence de voyage, on pourra alors s’orienter vers un tourisme pédagogique, connaître les clients et concevoir des offres qui s’adaptent à eux. Dans l’industrie du tourisme, le changement est en marche, et le tourisme culturel est sur toutes les lèvres. Profitons-en pour développer un tourisme plus créatif et de meilleure qualité.