Grenade et Cordoue revivent dans leur hammam les délices d’Al-Andalus. Architecture et plaisir dans des bains arabes pour se relaxer, prendre un thé et écouter de la musique arabo-andalouse.
Il fut un temps où les hammams se comptaient par centaine dans le royaume d’al-Andalus. C’était alors plus qu’un simple lieu dédié à l’hygiène et à la relaxation. Les hammams étaient des lieux de rencontre et de réunion, un espace où soigner le corps et l’esprit. Il faut chercher leurs origines dans les termes romaines. La civilisation en a notamment laissé des traces arquéologiques dans le nord de l’Afrique. C’est la rencontre des arabes avec cet héritage qui favorisa le retour à cette coutume méditerranéenne qui encourageait la paix intérieur en faisant profiter les citoyens des bénéfices de l’eau.
Aujourd’hui, les bains arabes qu’il reste en Andalousie sont des monuments de la culture hispano-musulmane. La Cordoue musulmane en possédait plus de 200, la plupart publics. Dans la Grenade nasride, à l’Alhambra, dans la cité palatiale des sultans, le hammam royal constitue l’un des plus beaux lieux, raffiné et secret du complexe aulique. A Jaen se trouve le bain arabe le mieux préservé d’Espagne, mais d’autres cités andalouses comme Ronda, Almonaster la Real ou Segura de la Sierra exhibent des édifices qui conservent aussi dans un état remarquables, à peine modifié, le schéma des termes latins, avec leurs salles froide, tiède et chaude. Les hammams de Grenade et Cordoue sont un héritage direct de ceux-ci.
Un hammam au pied de l’Alhambra
Au pied de l’Alhambra, un hammam a ouvert ses portes cette année, sur le terrain qu’occupait autrefois un bain nasride. Sa conception s’inspire d’El Bañuelo, le bain arabe qui se trouve à deux pas, Carrera del Darro, à mi chemin entre Plaza Nueva et le Paseo de los Tristes. Dans le hammam, le contraste des températures favorise l’ouverture des pores de la peau, une stimulation saine qui invite à la relaxation. Il est conseillé de commencer le circuit par la salle tiède (environ 36 degrés), à la même température que celle du corps. Dans la salle chaude, l’eau est à 40 degrés, pour atteindre les 16 degrés dans la salle froide. Dans une salle de repos, vous pourrez faire une halte, déguster un thé en écoutant de la musique arabo-andalouse. Pour finir en beauté, le circuit inclus une séance de massage, avec savon au raisin rouge et aux huiles essentielles.
L’architecture des hammams de Grenade et de Cordoue récupère donc les traditions constructives en usage en Al-Andalus. La salle tiède, la plus grande des trois, est couverte par une voûte ouverte par des lucarnes par lesquelles pénètre la lumière du jour. A l’époque d’Al-Andalus, ce système de lucarne permettait des ouvertures régulant la pression de vapeur à l’intérieur du bain.
Des bains califaux
Cordoue quant à elle ouvre les portes des plus grands bains arabes d’Europe. Ils se situent rue Corregidor Luis de la Cerda, non loin de la Mosquée-Cathédrale et de la Place del Potro. Alors que Grenade décorait les salles de ses hammams avec des chapiteaux nasrides, on trouve à Cordoue des chapiteaux omeyyades. Ils reflètent l’obsession du gouvernement le plus prospère d’Al-Andalus pour la géométrie. On y profite des mêmes services que ceux dispensés à Grenade.